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Le mal aigu des montagnes pour un nourrisson et un enfant



publié le mardi 23 août 2016, par Pascal Boulet


Les parents s’interrogent à juste titre lorsqu’ils partent avec leurs enfants en bas âge faire un séjour en altitude.

L’altitude est-elle nocive pour un nourrisson ? Quel est le risque de Mail Aigu des Montagnes (MAM) ?

  • Le risque est plus important si l’enfant est porteur pendant son séjour d’une bronchite ou d’un gros rhume et si en plus, le bébé dort sur le ventre ce qui majore le risque de mort subite du nourisson.
  • Pour un nourrisson l’altitude déconseillée est au-delà de 1200 à 1500 m. Les recommandations sont édictées pour une altitude supérieure à 2500m tout en précisant que des susceptibilités individuelles font que les symptômes de MAM peuvent apparaitre pour des altitudes moins élevées.

Les recommandations sont :

  • d’éviter une exposition prolongée à haute altitude. Il faut savoir qu’à plus de 2500 m la pression artérielle en oxygène diminue de 26 %. Le MAM survient plus fréquemment pour une altitude supérieure à 2100m.
  • de ne pas dormir au-dessus de 2000m pour un enfant de moins de 2 ans et à plus de 3000 m entre 2 et 10 ans.
  • pour les plus de 10 ans, de monter quotidiennement par paliers de 300-400 m au-delà de 3000 m avec une journée de repos à chaque gain de 1000 m.

Le mal aigu des montagnes (MAM) est possible mais rare à faible altitude (1500 m) avec d’après les études la même fréquence que pour un sujet adulte mais une moindre facilité pour le détecter vu que le nourrisson ne sait pas exprimer ses douleurs et donc il est admis que ce diagnostic doit être évoqué pour tout enfant qui est malade en altitude.

L’apparition du MAM ne se fait pas immédiatement lorsque l’altitude est trop élevée. Le délai pour un enfant est d’environ dans les 4 à 12 h après l’arrivée à l’altitude qui déclenchera le MAM . Donc si l’exposition est prolongée (une demi à une journée) au-delà de 2500 m, le nourrisson pourrait ressentir le MAM.

Le MAM à cet âge est caractérisé par des pleurs plus fréquents, une moindre alimentation, une fatigue.

Pour les plus grands enfant les symptômes sont identiques à ceux d’un adulte et comportent :

  • des maux de têtes, chez près de 60% des personnes
  • une respiration courte et plus rapide, pour 60% des personnes
  • une insomnie
  • de la fatigue
  • des nausées

Ne pas tenir compte de ces symptômes peut conduire à l’apparition de signes plus graves comme l’œdème cérébral et un œdème pulmonaire de haute altitude pouvant entrainer le décès.

Le risque de MAM peut être approché par le score de Lake Louise.

Le diagnostic de mal aigu des montagnes peut être établi à partir d’un score de Lake Louise supérieur ou égal à 3, en faisant la somme du score d’autoévaluation et du score clinique.

Score d’autoévaluation, 5 objets cotés de 0 à 3 :

  • céphalées :
    • aucune (0),
    • légère (1),
    • modérée (2),
    • sévère ou invalidante (3)
  • signes digestifs :
    • appétit normal (0),
    • appétit diminué ou nausées (1),
    • nausées ou vomissements modérés (2),
    • nausées et vomissements intenses ou invalidants (3)
  • fatigue :
    • pas de fatigue (0),
    • se sent un peu fatigué ou faible (1),
    • se sent modérément fatigué ou faible (2)
    • se sent épuisé, très faible (3)
  • vertiges :
    • aucun (0),
    • légères sensations vertigineuses ou d’étourdissement (1), -**sensations modérées de vertige ou d’étourdissement (2),
    • sensations sévères de vertiges ou d’étourdissement, invalidantes (3)
  • insomnie :
    • dort aussi bien que d’habitude (0),
    • ne dort pas aussi bien que d’habitude (1),
    • se réveille souvent passe une mauvaise nuit (2),
    • a l’impression de n’avoir pas dormi du tout (3)

Score clinique, comprend 3 objets, cotés de 0 à 2 ou 4

  • état de conscience :
    • normal (0),
    • léthargie, lassitude (1),
    • désorientation, confusion (2),
    • stupeur, conscience altérée (3),
    • coma (4)
  • ataxie (manœuvre talon-pointe) :
    • normale (0),
    • mouvement de balancier (1),
    • sort de la ligne (2),
    • tombe (3),
    • ne peut pas rester debout (4)
  • œdème périphérique :
    • aucun (0),
    • une localisation (1),
    • plusieurs localisations (2)

Score de 3 à 4 : atteinte légère, modérée si le score est entre 5 et 9 et élevée pour un score entre 10 et 15

Un score plus simple permet de déterminer la conduite à tenir en cas de MAM :

  • Céphalées, Anorexie ou nausées, Insomnie : 1 point pour chaque item
  • Céphalées résistant à la prise de 1 gr de paracétamol ou d’aspirine, vomissement : 2 points pour chaque item
  • Essoufflement au repos, fatigue anormale ou disproportionnée, baisse du volume des urines : 3 points pour chaque item

Selon le score total

  • 1 à 3 points le MAM est léger et se traite par la prise de paracétamol ou d’aspirine.
  • 4 à 6 points, le MAM est d’intensité moyenne : prise d’antalgique et l’ascension doit être arrêtée, du repos doit être observé.
  • Plus de 6 points : la descente est impérative et urgente. A ce stade, la mise en caisson et le traitement par oxygène peuvent être indiqués.

En conclusion :

  • La station prolongée à une altitude élevée est déconseillé pour un temps d’exposition de plusieurs heures pour un enfant de moins de un an.
  • Tout changement d’attitude d’un nourrisson en altitude doit faire recherche un MAM même pour altitude entre 1500 et 2500 m.
  • L’altitude au delà des 3000 m est déconseillée entre 2 et 10 ans.

Bibliographie

  • PR Davis, KTS Pattinson, NP Mason, P Richards, D Hillebrandt. High Altitude Illness. J R Army Med Corps 2005 ; 151 : 243-9.
  • Jean D. L’enfant en montagne : dangers de l’altitude, du froid et du soleil. Journal de pédiatrie et de puériculture (2008) 21 : 349 —52.
  • Jean D. Pathologies liées à l’altitude. LA REVUE DU PRATICIEN 2015 ; 65 : 513-4.
  • Grossmith G. L’enfant en altitude. Mémoire de DIU 2007.
  • Romain Kedzierewicz, Damien Cabane. Mal aigu des montagnes et œdème cérébral de haute altitude. LA REVUE DU PRATICIEN 2013 ; 63 : 18-26.
  • Luks AM, McIntosh SE, Grissom CK, Auerbach PS, Rodway GW, Schoene RB, et al. Wilderness Medical Society Practice Guidelines for the Prevention and Treatment of Acute Altitude Illness : 2014 Update. Wilderness & Environmental Medicine. déc 2014 ;25(4):S4‑14.


 

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